Astrologie d'Eris
Voyons comment intégrer Eris dans notre panthéon astrologique.
Eris fait bien évidemment partie des planètes lentes, elle représente donc une fonction collective.
Elle est du côté des planètes dites « bénéfiques », celles qui indiquent des fonctions d’épanouissement.
Elle est la complémentaire de Pluton, ces deux planètes indiquent notre façon de nous situer dans la société, dans le groupe. Si Pluton coupe le monde en soi et non soi, Eris tente d’assembler les morceaux pour composer le monde.
Elle est la partenaire astrologique de Vénus, son octave supérieur, la Vénus collective.
Elle est maîtresse du signe de la Balance, signe de la rencontre par excellence.
Elle est intendante du signe du Taureau, ce signe permet d’incarner les valeurs érisiennes, les rend concrètes, tangibles, applicables. Le Taureau au niveau supérieur indique aussi la construction d’une civilisation et sa pérennité
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Le Lion est son signe d’exaltation. Il est intéressant de remarquer qu’astronomiquement, Eris et son système d’astéroïdes représente un peu le seuil du nuage d’Oort, la projection du Soleil dans l’espace (on pourrait comparer biologiquement le Soleil au noyau de la cellule et le nuage d’Oort à sa membrane). Ces deux astres ont donc un rapport étroit (on les retrouve opposés en Balance où Eris règne et le Soleil chute). Eris en Lion représente l’accession au pouvoir des valeurs érisiennes, la démocratie plutôt que l’autocratie. Eris est appelée à rayonner, à diriger
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L’exil d’Eris en Bélier montre l’opposition entre l’individu barbare devant lutter pour sa survie dans un monde hostile et l’individu civilisé devant s’intégrer dans une société pour survivre. C’est le signe où Eris passe le plus de temps, elle met plus d’une centaine d’années pour le traverser (plus d’un cinquième de sa révolution), c’est le signe où Eris est encore à l'heure actuelle et qui est la configuration natale de quasiment tous nos contemporains. Cette position est à mettre en relation avec le choc des civilisations auquel nous assistons à l’heure actuel, nous sommes dans un remaniement, un rééquilibrage qui ne peut se faire sans affrontements. Les différents groupes sociétaux s’affrontent, se comparent, se lient…Le Bélier indique donc la naissance d’une nouvelle civilisation, ce qui comme toutes les naissances, ne se fait pas dans la douceur.
Le deuxième exil d’Eris est le Scorpion, ce qui explicite la remise en question des valeurs civilisationnelles. Le Scorpion indique les valeurs périmées à abandonner, celles qui doivent au contraire être intégrées, le déséquilibrage essentiel au renouveau de la société.
La Chute d’Eris en Verseau représente cette fois l’homme civilisé qui se dégage de la société justement pour la déranger, la bousculer. Le débat nécessaire aux avancées sociétales, alors qu’Eris cherche l’apaisement et le compromis, le Verseau au contraire exige que l’on tienne ses positions et que l’on assume ses opinions.
Le glyphe proposé pour Eris dans Zodiac-city est bâti en regard des trois autres astres collectifs.
Uranus vit les expériences opposées (deux paraboles autour de la croix) puis les comprend (cercle en dessous)
Neptune transcende par sa sensibilité les expériences vécues (croix dans la parabole vers le haut) puis les comprend (cercle en dessous)
Pluton transcende par sa sensibilité l’esprit (cercle dans la parabole vers le haut) puis les expérimente (croix en dessous)
Eris quant à elle, a l’esprit à l’écoute des opposés (deux paraboles autour du cercle) puis les expérimente (croix en dessous)
Les Fonctions Erisiennes
Comment Eris agit elle dans le thème astral ? Quel est donc son rôle ? Comment l’utiliser et l’interpréter ?
La grande fonction d’Eris est de se situer dans la civilisation, la société. Comment vit-on dans le fait sociétal ?
Comment pourrait-on définir la civilisation ? La civilisation, c’est l’ensemble des traits qui définissent l’évolution d’une société. Eris permet donc de se situer non seulement par rapport aux valeurs de notre société mais aussi par rapport aux valeurs d’une autre société. Collaboratrice zodiacale de Vénus (ces deux planètes maîtrisent le même groupe de signes, le Taureau et la Balance), Eris a donc comme sa collègue un rapport avec les valeurs. Mais si Vénus, planète individuelle indique les valeurs individuelles du natifs, ses gouts, ses choix, ce qui lui fait plaisir ou pas…Eris, planète collective par excellence, indique donc comment l’on se situe par rapport aux valeurs collectives.
Est-on en conformité ou en opposition par rapport à elles ? Une Eris trop forte, trop confortable (ce qui est très peu courant pour notre époque puisque nous avons quasiment tous Eris en Bélier, donc en exil) peut indiquer que nous nous conformons trop avec les valeurs collectives, nous suivons trop les modes, nous ne nous individualisons pas assez. Eris est donc en opposition avec Uranus qui au contraire indique une individualisation maximum. Pour Uranus, il y a presque un réflexe conditionné à prendre le chemin inverse, pour Eris, le réflexe conditionné est d’accepter les valeurs collectives. Ces deux planètes gèrent donc notre rapport à la mode (dans le sens très large du terme, la mode n’est pas que vestimentaire !). Eris, comme Uranus donc, représente notre sensibilité aux « tendances ».
Ce qui nous mène donc à la gestion des différences. Eris est la planète civilisationnelle par excellence, encore plus que les trois autres astres collectifs, Uranus, Neptune et Pluton, elle indique notre façon de gérer les différences d’autrui. Pour Uranus, l’individu est différent de l’ensemble de la société qui est un ensemble homogène, il pousse à s’individualiser. Pour Neptune, l’individu est semblable à l’ensemble de la société et se fond avec elle. Pour Pluton, la société se scinde en deux groupes opposés et il faut se situer dans ce contexte. Eris propose donc une quatrième vision : pour elle la société est unie comme pour Neptune, mais contrairement à lui, elle perçoit que ses composantes sont toute différentes. Elle se situe donc en opposition complète à Pluton en voyant la société comme un ensemble homogène d’éléments hétérogènes. C’est donc elle qui apporte le plus le sens de la nuance, elle permet aussi de composer en comparant chaque éléments différents afin de lui proposer une place dans son ensemble. En tant que planète la plus lointaine, elle a donc la vision la plus évoluée de la société. Elle comprend que la différence est non seulement enrichissante mais aussi indispensable à la survie d’une société.
Si on voulait résumer la fonction planétaire à une réaction physico chimique. Nous pourrions comparer Pluton à la phase : c’est ce qui se produit quand on mélange l’huile et l’eau, chaque goutte finit par se distinguer et rejoindre les autres pour former deux secteurs différenciés.
Eris est au contraire le principe d’osmose. Nous avons deux secteurs différents séparés par une membrane semi perméable qui s’échangent leurs éléments pour obtenir deux secteurs communiquant et équilibrés.
Se situant donc dans le fait sociétal, Eris permet de développer toutes les qualités nécessaires au maintien de la civilisation. Pacifisme, compromis, compromission, séduction également, justice, tolérance surtout…ces qualités habituellement utilisées pour décrire la Balance, signe dont Eris a la maîtrise peuvent se résumer par l’empathie qui serait donc la grande qualité d’Eris. L’empathie, c’est la capacité de se mettre à la place de l’autre, c’est la réelle barrière à la cruauté, au sadisme, à la haine qui sont les pires travers de Mars et Pluton, les planètes complémentaires et opposées à Eris. L’empathie est une compréhension des émotions, des sentiments mais aussi par extension des opinions et croyances d’autrui. Il est très important de la distinguer de la compassion Neptunienne. Cette dernière est un état émotionnel qui permet de ressentir l’émotion d’autrui, avec la compassion et Neptune, nous souffrons avec l’autre, nous nous réjouissons avec lui, c’est un état très fort qui nous met aussi la tête dans le guidon, nous éloigne de toute objectivité, la compassion est donc bien une qualité « eau » en astrologie puisqu’elle touche l’état émotionnel du natif. Par contre, l’empathie est une compréhension, c’est donc un état rationnel et cognitif, donc « air » en astrologie, l’avantage de l’empathie est que l’on ne ressent pas l’émotion d’autrui, on ne la perçoit pas, on garde donc une distance salutaire qui permet de garder notre individualité. Eris n’est pas à l’instar de Neptune une planète de fusion, c’est une planète de relation, de rencontre. L’empathie permet donc de garder son objectivité, il n’y a pas de confusion entre soi et l’autre, elle permet donc de ne pas nuire à autrui sans pour autant s’oublier et en pâtir. Elle permet de créer un équilibre salutaire entre soi et l’autre et d’aller vers un mutuel enrichissement. Eris est donc, encore une fois la facette collective de Vénus, planète indiquant l’équilibre, l’homéostasie entre l’individu et son environnement (ou l’objet), Eris transpose cette fonction vers le collectif en créant l’homéostasie entre deux consciences égales.
Ce qui est important avec Eris c’est de comprendre que tout n’est pas tout blanc, tout n’est pas tout noir. Contrairement à Pluton et sa vision en bichromie, Eris dispose de la couleur ! Qui a Eris puissante dans son thème voit les différentes facettes d’une même situation, voit le blanc dans le noir et la couleur dans le monochrome. Ce qui veut dire qu’Eris, si elle indique les données sociétales n’en indique pas les règles et encore moins le verrouillage de la société par ses limites (ce qui est du rôle de Saturne). Au contraire même, Eris indique la capacité à jouer avec les règles sociétales et les détourner. Eris, par exemple, permet de détourner les lois tout simplement car la loi, si elle est garante d’une certaine pérennité civilisationnelle, n’est pas synonyme de civilisation. Certaines lois étant contraires au bien-être, Eris permet de les distinguer et de les contourner. Notons Qu’Eris n’est pas une planète d’action, elle indique un état idéal à atteindre comme ses prédécesseurs parmi les astres de détente, Vénus tend vers le bien-être individuel, Jupiter vers le bien-être social, Neptune vers le bien-être spirituel, Eris tend vers le bien-être civilisationnel. Ce qui inclut qu’elle a besoin des autres astres d’action ou de structuration pour tendre vers cet idéal.
Fini la vision en bichromie, avec Eris vous avez toutes les nuances !
Ce qui est intéressant c’est que l’on donne souvent à Neptune, planète qui maîtrise le dernier signe du zodiaque, les Poissons, un certain idéal, une certaine fin en soi pour l’individu. Il est possible que le bien être spirituel soit une fin en soi pour l’individu (le zodiaque représente justement cette évolution individuelle) mais pour la collectivité, ce n’est pas Neptune mais Eris, dernière planète (pour l’instant) qui indiquerais le but à atteindre.
Puissante en natal et bien vécue, Eris favorise une ouverture d’esprit à tout ce qui permet de bien vivre ensemble, l’Erisien tend à être progressiste, pacifiste, tolérant, il est dans l’acceptation d’autrui, favorable au pardon, à la seconde chance. Cependant, il est important aussi de souligner le manque de personnalité de l’Erisien (ce qui est grandement atténué de nos jours, car un Erisien aura forcément un peu de Bélier puisqu’il s’agit de la position de l’astre pour nos contemporains). Celui-ci est très marqué par le contexte sociétal et l’effet de groupe peut le mener à des actions bien moins éthiques.
D’une manière générale, il est capital quand on étudie Eris en natal de ne pas oublier le contexte socio-culturel du natif qui l’aura vu grandir. De même qu’il peut être judicieux de conseiller aux parents d’un jeune Erisien de lui ouvrir au maximum son esprit et de lui proposer un large choix de vie pour lui éviter de se conformer aux clichés de son milieu.
Eris favorise aussi une ouverture à la culture : art, information, politique, sciences sociales…sont autant de domaines dans lequel l’Erisien s’épanouit. Notons qu’Eris seule ne fait pas forcément l’artiste, elle a besoin d’un apport en imagination et émotionnel ainsi qu’en originalité pour participer à la créativité.
Commentaires (8)
- 1. | 18/02/2019
- | 03/03/2019
- 2. | 07/04/2016
Dis moi Laurent tu consommes beaucoup de pommes ???
《 Eris tend vers le bien-être civilisationnel.》
On peut pas mieux exprimer pour Eris
Et pour la conjonction Mars/Uranus dans la carte de découverte tu es fait quoi?
Au prochain chapitre peut-être ?
Une dernière question
Quelle place occupé Eris dans ton ciel de naissance , merci
- 3. | 07/06/2015
passionnant votre travail sur ERIS, jusqu'à maintenant, et peut être parce qu'il n'était pas l'heure, je ne me sentais pas titillée par ERIS. Je pratique en astrologie et j'ai trouvé plus judicieux de mettre en maîtrise du TAUREAU , EROS symbole d'avidité, de gourmandise et de jouissance... ERIS - EROS
J'utilise déjà quelques astéroides tels que CERES, PALLAS, VESTA et JUNON et à l'occasion des centaures (pour les guérisseurs)
Maintenant, je saisis mieux sa valeur ...dans mon thème rétrograde en maison 5 et juste en trigone à mon soleil SAGITTAIRE :
Difficile en même temps d'en faire un élément concluant sur une lecture puisque quasiment tout le monde l'a en BELIER
en tout état de cause, merci pour vos partages et votre couleur ...
- | 08/06/2015
- 4. | 09/03/2015
Pour ce qui concerne le distinguo très très intéressant entre "empathie" et "compassion", j'aimerais beaucoup apporter quelques nuances. Notamment peut-être insister sur le fait que "l'empathie" me semble plutôt du côté des sensations et la "compassion" du registre des sentiments. Mais j'y reviendrai, car mon vécu et éprouvé diffèrent de ce que vous-même en exprimez ici.
Etrangement, je pense que l’on peut… entrer en empathie sans avoir de sympathie, ce qui fait qu’il peut y avoir compréhension (par empathie) de comment fonctionne par exemple autant un tueur qu’un grand amoureux. Je me demande si l’empathie ne nous fait pas expérimenter simultanément deux pôles extrêmes (Jean Baudrillard a beaucoup écrit à propos des « phénomènes extrêmes » et de la nécessité du recours à une « pensée de l’extrême » pour résoudre les problèmes à venir).
Dans la Compassion, je vois des forces émotives sentimentales se rassembler en soi en un point où l’on veut sauver l’autre de sa souffrance (donc, de ce qui le fait souffrir).
Donc, le Compatissant (Neptune) rassemble… pour sauver. Pour arracher à des destinées fatales, parfois en prenant la souffrance de l’autre en lui-même (transfert de karma ???). Il y a risque d’expérimenter des situations de type « tonneau des danaïdes » ou « sisyphe »…
La compassion –oui sollicite le « sauveur » en soi- parce qu’il est du registre des sentiments (il y a plusieurs niveaux… sentimentaux, du « cœur d’artichaut » de la midinette, à celui du saint).
Donc, dans l’empathie, on entre en… empathie avec le microcosme de l’autre, tout en gardant pied dans son propre microcosme. Ce que vous exprimez en parlant de son objectivité préservée.
Dans la compassion, je pense qu’il y a un résidu obsessionnel (et passionnel) concernant la (les) cause perdue : le plus malheureux, le plus fragile, le plus démuni, le plus souffrant….
Et qui peut nous faire chuter. Nous faire littéralement tomber dans la détresse de l’autre (qu’il s’agisse de la terre, des végétaux, des animaux ou des humains… maltraités). Tant de souffrances forment un maelström, un vortex… qui peut engloutir nos forces.
Donc, c’est la « souffrance » qui crée le point de fusion. Y aurait-il un mouvement centripète qui amasse de la souffrance et nous fait chuter sous le poids ? Centre et périphérie s’annulent par… fusion et… confusion. Le mot « compassion » je crois indique le « avec »… l’autre (com), comme le mot « compulsion » qui embarque une matière/substance qui n’est pas la notre, mais celle que l’on nous a collé sur le dos (enfance, ancêtres, etc). Dans la compulsion de…. répétition, on rejoue en permanence une mise en situation où l’on prend sur soi ce qui n’est pas à soi, mais à l’autre.
L’empathie n’éprouve pas la souffrance. Elle la sait, mais ne la « souffre » pas. Il y a peut-être quelque chose d’un mouvement centrifuge… d’un centre qui expérimente par les bords (border line ???) le monde de l’autre. Les « centres » se jaugent par l’expérimentation de leurs périphéries respectives.
Enfin, je voulais juste dire que, entre : les sensations, les émotions et les sentiments. Eris me semblerait du côté des sensations (donc reliant d’une certaine façon notre corps avec la… peau du monde et de l’autre), et Neptune du côté des sentiments.
Mais tout ceci est juste une proposition, en rebond à cette magnifique recherche et synthèse sur Eris.
Désolée pour la longueur, et encore merci pour votre dossier et votre site.
- 5. | 04/03/2015
Lorsqu'on me parle du type de société vers laquelle pourrait s'orienter l'humanité - si elle ne s'égare pas trop en chemin pendant la période de "Re-Renaissance" que nous traversons - j'ai coutume d'employer l'image de ce que j'appelle un "orchestre sans chef", composé de virtuoses capables de jouer ensemble.
L'idée, c'est que la période d'hyper-individualisation dans laquelle nous sommes a pour vocation de déboucher sur une société dans laquelle tous ces individus devenus intensément conscients d'eux-mêmes et de leurs capacités, des virtuoses donc chacun à leur manière, deviendront capables d'œuvrer consciemment ensemble, dans leur diversité non seulement reconnue et acceptée mais eminement souhaitable. La précision "sans chef" est une conséquence logique : un chef, dès lors qu'il y aura cette coopération consciente, ne sera plus du tout nécessaire… Vos petits personnages de toutes les couleurs m'ont immédiatement fait penser à cet orchestre à venir !
- | 06/03/2015
Comment faites-vous pour concilier le maintien de la civilisation d'une part et le manque de personnalité d'autre part que vous attribuez à Eris ? n'y-a-t-il pas contradiction ?
A mon sens, le maintien d'une civilisation passe par le charisme et donc par de fortes personnalités. C'est pour cela qu'Eris en bélier devrait plutôt être une position positive en comparaison à son opposé puisque celle-ci serait adepte du "laisser faire" et de la tolérance... qu'en pensez-vous ?